Les acides gras : panacée ou boîte de Pandore?

Les acides gras : panacée ou boîte de Pandore?

L'importance des acides gras essentiels (AGE) et le rôle qu'ils jouent dans l'homéostasie des voies métaboliques sont étudiés chez diverses espèces depuis 1929. Toutefois, le nombre d'études croisées à double insu chez les chats et les chiens est relativement faible. Pourtant, les divers suppléments alimentaires que le praticien peut proposer à ses clients sont devenus d'usage courant. Depuis quelques années, beaucoup de fabricants d'aliments pour animaux de compagnie ajoutent des acides gras à leurs produits, en partie pour les bienfaits alimentaires et médicaux qu'ils sont sensés procurer, mais aussi pour des raisons commerciales. Malgré l'utilisation courante des acides gras, bon nombre de praticiens demeurent perplexes face à leur rôle thérapeutique.

Chez le chien, l'acide linoléique cis est le seul acide gras essentiel, alors que chez le chat, le même acide et l'acide arachidonique sont tous deux essentiels. D'autres acides gras, comme l'acide eicosapentanoïque, sont très importants mais non essentiels.

Ces dernières années, on a entendu de plus en plus de déclarations à propos du rôle des acides gras dans un large éventail de traitements, notamment pour la guérison des plaies et pour soigner les dermatites, l'arthrite, les maladies rénales, les désordres immunitaires, le cancer et les maladies cardiovasculaire.

Les suppléments alimentaires sont le plus utilisés dans le traitement des troubles de kératinisation et les dermatoses inflammatoires. De nombreuses études ont été faites dans ce domaine et les suppléments d'acides gras sont devenus des traitements d'appoint très utilisés pour diverses dermatoses.

Les acides gras oméga-3 participent à l'inhibition de la croissance et de la propagation du cancer chez les souris. D'autres études ont aussi démontré que les acides gras n-6, l'acide linoléique et l'acide linolénique gamma stimulent la propagation du cancer. De plus, les acides gras oméga-3 réduisent efficacement la cachexie associée à certaines formes de cancer, ainsi que les effets négatifs de la radiothérapie. Ces premiers travaux sont prometteurs dans le domaine du traitement du cancer.

Les études cliniques à double insu contre placebo chez des humains souffrant d'arthrite rhumatoïde ont démontré que les acides gras n-3 peuvent soulager les signes cliniques. Dans une étude effectuée avec des chiens et portant sur les bienfaits éventuels des acides gras n-3 sur l'atopie, beaucoup de chiens atteint d'une dysplasie de la hanche ont manifesté une amélioration des signes musculosquelettiques. On pourrait donc songer à combiner l'administration d'acides gras et de médicaments pour traiter certaines formes d'arthrite. Dans d'autres domaines, les premiers travaux sont prometteurs, car les acides gras n-3 semblent réduire l'hypertension rénale ainsi que les effets défavorables sur les affections rénales.

Bien que l'utilisation des AGE soit prometteuse, les études cliniques à long terme sur les effets adverses des suppléments d'acides gras font défaut. Les principaux risques associés à la consommation prolongée de suppléments d'acides gras n-3 sont l'intensification de la décomposition des tissus, les troubles de saignement et les effets défavorables sur le système immunitaire. Certaines données démontrent que les acides gras n-3 peuvent compromettre la guérison des plaies. En outre, les cliniciens sont de plus en plus irrités par les écarts entre les effets théoriques et réels. Une foule de raisons expliquent probablement ces écarts, mais ils sont sans doute en partie attribuables à la méconnaissance des doses idéales et des ratios appropriés entre les acides n-3 et n-6. Ces données ne sont pas connues et il faudra d'autres études pour les obtenir. Entre-temps, les suppléments alimentaires d'acides gras oméga continueront certainement d'appuyer le traitement de nombreuses maladies cliniques chez les petits animaux.