Le rôle des fibres dans les aliments pour animaux de compagnie

Le rôle des fibres dans les aliments pour animaux de compagnie

Bien que les consommateurs ne considèrent pas les fibres comme un ingrédient essentiel d'un aliment équilibré, leur rôle est complexe et significatif.

Le terme « fibres » inscrit sur une étiquette d'aliment pour animaux de compagnie désigne une « fibre brute » (définie comme la portion d'un aliment qui est insoluble dans un milieu basique ou acide et ce, même à des températures élevées). Toutefois, il est souvent plus simple de considérer les fibres comme état insolubles et relativement inertes (par ex., la cellulose) ou solubles (par ex., les pectines, la carraghénane et d'autres gommes) dans l'eau. Les ingrédients communément trouvés dans les aliments secs, qui sont riches en fibres solubles, contiennent de l'avoine et du son d'avoine, tandis que les fibres insolubles sont plus souvent associées aux grains de céréales comme le blé et le son de blé. Habituellement, les taux de cellulose brute des aliments varient entre 2,5 et 5 p. 100, et peuvent même atteindre 24 p. 100 dans certains aliments thérapeutiques. Des taux inférieurs à 2,5 p. 100 compromettent probablement le fonctionnement normal des intestins. Les taux de fibres recommandés par l'ACMV pour l'alimentation optimale d'un animal en santé se situent entre 3,5 et 6 p. 100.

Les fibres remplissent de nombreuses fonctions dans un régime alimentaire. L'absorption de l'eau en est une, et les fibres solubles ont une meilleure capacité d'absorption que les fibres insolubles. En outre, les fibres sont, par elles-mêmes et par leur capacité d'absorption de l'eau, un agent gonflant qui accroît le tonus musculaire et la motilité du gros intestin (côlon) et qui, vraisemblablement, rend les tissus plus sains. Par conséquent, les fibres peuvent enrayer la constipation chez certains animaux en augmentant le volume des fèces et en les ramollissant grâce à une meilleure absorption et à une meilleure rétention de l'eau.

Traditionnellement, on n'accordait aucune valeur nutritive aux fibres alimentaires. Toutefois, la recherche sur des chiens a permis de découvrir que, grâce au processus de fermentation colique, les fibres solubles peuvent fournir de l'énergie métabolisable à divers degrés. En plus de produire de l'énergie, cette fermentation produit divers acides gras à chaîne courte qui peuvent contribuer au traitement de la maladie inflammatoire de l'intestin. Les acides gras à chaîne courte réduisent également le pH des fluides contenus dans le gros intestin, ce qui freine la prolifération de certaines bactéries, telle Salmonella, et réduit l'absorption de l'ammoniac par la muqueuse du côlon.

Il faut souligner que de nombreuses propriétés attribuées aux fibres ont été décelées lors d'études faites sur les humains et les rats. La tendance à tirer des conclusions pour d'autres espèces peut être trompeuse puisqu'il y a des différences considérables. Certains prétendent par exemple que des taux excessifs de fibres peuvent compromettre la disponibilité de certains micronutriments, tels le zinc, le calcium et le fer. Mais d'autres études ont mené à des conclusions contraires et les conséquences en ce qui concerne les aliments pour animaux de compagnie n'ont pas vraiment fait l'objet de recherches. Des études effectuées sur des chiens ont démontré une tolérance à des concentrations de cellulose de 10 à 15 p. 100 dans les aliments, sans effet néfaste sur l'absorption des nutriments. Cependant, chez les chats, les fibres peuvent réduire la disponibilité de la taurine, un acide aminé, ce qui laisse supposer que les chats recevant des aliments à teneur élevée en fibres ont besoin de suppléments de taurine.


Les études sur les humains ont démontré un effet négatif des fibres sur l'activité des enzymes pancréatiques, même si les fibres ne semblent pas nuire à la sécrétion d'enzymes. Actuellement, bien que les études sur les chiens soient limitées, les aliments à teneur élevée en fibres ne sont pas considérés comme souhaitables pour les chiens souffrant d'une insuffisance exocrine du pancréas.

Les fibres influencent le temps de passage des aliments dans les voies intestinales, bien que la durée varie selon le type de fibre. L'utilisation d'un contenu de fibres plus élevé que la normale dans les aliments pour chats diabétiques est en partie fondée sur la présomption que l'utilisation de fibres qui augmentent le volume des aliments et la durée de rétention dans l'intestin produit des taux de glucose sanguin moins élevés après les repas. Encore une fois, ces conclusions sont fondées sur des recherches menées sur des humains et l'efficacité de l'augmentation des fibres chez les diabétiques est de plus en plus contestée.

Traditionnellement, on recommande que les aliments à teneur élevée en fibres et à faible densité calorique destinés aux animaux de compagnie soient utilisés dans des programmes de réduction du poids, pour combiner les effets de l'ingestion d'une quantité moindre de calories et de la sensation de satiété que procurent les fibres en dilatant l'estomac. Néanmoins, le volume des fèces obtenu après l'ingestion d'aliments à teneur très élevée en fibres risque de dissuader les propriétaires d'animaux de continuer d'offrir de tels aliments à leur compagnon.

À long terme, pour bon nombre d'animaux de compagnie, une alimentation fondée sur un apport calorique réduit plutôt que sur les fibres insolubles pourrait donner de meilleurs résultats du point de vue de la perte de poids.